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Qui sommes nousL'Organisation internationale pour les migrations (OIM) fait partie du système des Nations Unies et est la première organisation intergouvernementale à promouvoir depuis 1951 une migration humaine et ordonnée qui profite à tous, composée de 175 Etats membres et présente dans 171 pays. L'OIM est présente au Burundi depuis 2012.
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Notre travailEn tant que principale organisation intergouvernementale qui promeut depuis 1951 une migration humaine et ordonnée, l'OIM joue un rôle clé pour soutenir la réalisation du Programme 2030 à travers différents domaines d'intervention qui relient à la fois l'aide humanitaire et le développement durable.
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Gatumba, 11 Nov 2021 - Alors que les dirigeants du monde entier se réunissent en Ecosse pour la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques de 2021(COP26), les populations déplacées du Burundi ont désespérément besoin d'aide - pas dans cinq ou dix ans, mais maintenant.
Les 12 millions d'habitants du pays subissent déjà les conséquences de la dévastation causée par les risques naturels tels que les inondations, les glissements de terrain et les séismes qui se produisent à travers ce petit pays enclavé. Ces événements sont à l'origine de 85 pour cent des déplacements internes au Burundi. Près de Bujumbura, la capitale, dans la seule région de Gatumba, 50 000 personnes sont actuellement déplacées en raison des inondations qui sont devenues plus fréquentes et plus intenses à cause des changements climatiques.
Triffonie, une veuve de 28 ans, mère de deux enfants, se souvient de la nuit où les inondations ont englouti leur maison. « C'était une nuit normale, nous dormions. Personne ne savait ce qui allait se passer [ensuite] », raconte-t-elle. « Nous avons entendu beaucoup de bruit dans la rue ; des alarmes, des coups sur des casseroles, des boîtes de conserve et des tambours, c'était la première fois que j'entendais le battement des tambours si tard ».
Les fortes pluies qui s'abattaient sur la région ont entraîné une montée des eaux de crue. Triffonie a réveillé ses enfants et a couru dehors avec ses voisins, trouvant plusieurs maisons déjà effondrées ; d'autres allaient suivre. Ce qui était autrefois un endroit sûr pour la famille de Triffonie s’était transformé en un piège mortel.
Depuis cette terrible nuit de mai, Triffonie, ses deux enfants et plus de 52 000 autres personnes touchées par les inondations à Gatumba ont vu leur vie bouleversée. Le lac Tanganyika débordait sous l'effet des pluies torrentielles. Des inondations similaires ont balayé environ 10 000 maisons à Gatumba au printemps 2020. Trois des 14 écoles du district ont été tellement endommagées qu'elles ont dû fermer.
La maison de Triffonie a fini par s'écrouler elle aussi, la laissant, elle et ses enfants, sans abri.
Depuis 2018, 445 catastrophes au Burundi ont touché près de 270 000 personnes, dont 100 000 qui ont été déplacées. La Matrice du suivi des déplacements de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) au Burundi a enregistré un nombre ahurissant de 168 situations de dangers naturels depuis 2020 seulement - notamment des pluies torrentielles, des inondations, des glissements de terrain, des tempêtes de grêle et des vents violents.
Les experts prévoient une augmentation potentielle des précipitations dans les régions occidentales du Burundi qui s'écoulent vers le lac Tanganyika, indiquant que la situation pourrait s'aggraver dans les mois à venir pour les populations vulnérables vivant le long de la côte du lac et des rivières qui s'y jettent.
« J'avais un toit au-dessus de la tête, en tant qu'agricultrice, je pouvais subvenir à mes besoins et à ceux de ma famille, mais en une nuit, j'ai tout perdu. Je vis maintenant dans un abri d'urgence sans savoir d'où viendra mon prochain repas », explique Triffonie.
Severa Bigirmana, une femme mariée de 46 ans, mère de cinq enfants, a également été déplacée par les inondations qui ont eu lieu en mai. « L'eau a envahi notre maison. Nous avons dû déménager, quitter notre maison et louer une maison dans un quartier au sec », se souvient Severa. « Mais plus tard dans le mois, d'énormes inondations ont eu lieu et ont détruit tout ce que nous avions - notre maison, la maison que nous louions, nos champs, nos cultures. J'étais agricultrice mais maintenant je ne peux pas travailler car mes champs ont été inondés et mes cultures détruites ».
Plus de 90 pour cent de la population du Burundi dépend de l'agriculture de subsistance. Des milliers de personnes ont perdu leurs récoltes à cause des risques naturels, mettant en péril leurs moyens de subsistance et les exposant à une extrême vulnérabilité. Les catastrophes récurrentes qui s'annoncent ne feront qu'aggraver une situation marquée par des moyens de subsistance déjà mis à rude épreuve.
Les catastrophes climatiques créent des problèmes de protection pour les plus vulnérables
Pour des personnes comme Triffonie et Severa, qui ont tout perdu en l'espace de quelques minutes, l'eau, les abris et la nourriture deviennent primordiaux. Nombreux sont ceux qui ont déjà pris d'énormes risques au quotidien juste pour survivre.
Severa a pris la difficile décision de vivre loin de ses enfants pour qu'ils n'aient pas à endurer les conditions au sein du site de déplacement. « Je vis avec mon mari, séparée de nos enfants. Nous avons trouvé un abri pour eux dans un quartier au sec pour leur permettre de poursuivre leur scolarité ».
Certains enfants touchés par les inondations n'ont pas autant de chance. Incapables de nourrir leur famille et de subvenir à ses besoins, de nombreux déplacés se retrouvent dans une situation précaire où ils sont contraints d'envoyer leurs enfants travailler pour se loger et se nourrir. La plupart des enfants sont envoyés travailler pour des amis, des voisins ou des membres de la famille et en retour, les enfants reçoivent de la nourriture et un endroit pour dormir.
« La forme d'exploitation la plus courante que nous voyons dans ce contexte est le travail forcé », explique Grace Kaze Diane, responsable de la protection pour l'Unité de protection et d'aide aux migrants de l'OIM Burundi.
L'insécurité alimentaire accroît souvent la vulnérabilité des personnes concernées, les prédisposant à l'exploitation sexuelle. Les acteurs humanitaires travaillant dans les sites de déplacement au Burundi ou dans les communautés affectées par des catastrophes ont signalé une augmentation de la violence fondée sur le genre, de l'exploitation et de la maltraitance en raison des ressources limitées.
Les femmes et les filles sont exposées aux risques de harcèlement ou d’abus sexuels lorsqu'elles vont chercher du bois ou de l'eau. L’absence d'intimité dans les sites de déplacement peut également créer un traumatisme psychologique pour les enfants. Au Burundi, un nombre croissant de personnes vivant dans des communautés déjà démunies ont besoin d’aide en raison des catastrophes, ce qui rend l'intégration de la protection encore plus importante. La protection reste au cœur des efforts humanitaires. Les déplacés internes, ainsi que les réfugiés et les apatrides, sont en première ligne de l'urgence climatique.
En réponse à cette situation, l'OIM au Burundi travaille avec le gouvernement et ses partenaires pour fournir de l'eau potable, des services d'assainissement et d'hygiène, des abris, des produits alimentaires et non alimentaires, des kits d’hygiène pour les femmes et les filles, des conseils psychosociaux, de l’argent en espèces et des formations sur l'inclusion financière et l'entreprenariat, et plus encore.
L'OIM au Burundi a orienté plus de 4 500 enfants pour une aide à la protection, construit 275 structures d'abris et 16 hangars (pouvant accueillir 302 familles), et distribué plus de 800 kits d'articles non alimentaires depuis novembre 2020. Elle a également distribué une aide financière par le biais d'un programme de subvention à la location qui a aidé 1 576 familles à se reloger temporairement dans des zones plus sûres, grâce aux financements du Fonds central pour les interventions d'urgence (CERF) et de l'Union européenne (UE).
Parallèlement à ces efforts axés sur la protection, l'OIM au Burundi et Oxfam mettent conjointement en œuvre le projet de réduction des risques de catastrophe (RRC) le plus complet, financé par l'UE. Les équipes de RRC et de protection de l'OIM au Burundi travaillent ensemble pour s'assurer que leurs activités coïncident et se complètent.
« Les effets néfastes des changements climatiques ont intensifié la fréquence et la gravité des dangers soudains et à évolution lente tels que les inondations au Burundi. Ces inondations déplacent des milliers de personnes à chaque fois qu'elles se produisent, dévastant les moyens de subsistance et créant des menaces directes pour leur sécurité », explique Mohammed Abdiker, Directeur régional de l'OIM pour l’Afrique de l'Est et la Corne de l'Afrique. « Les enfants, en particulier les jeunes filles, sont encore plus vulnérables dans ces conditions. Par conséquent, toute action de gestion des migrations et de lutte contre les changements climatiques doit inclure des approches intégrées fondées sur les droits de l'homme, la protection de l'enfant et la prise en compte du genre ».
Alors que les dirigeants mondiaux tentent d'ouvrir la voie à une future action pour le climat lors de la COP26, des solutions sont nécessaires dès maintenant pour les personnes déplacées les plus vulnérables du Burundi. Il manque encore 16,5 millions de dollars pour fournir des abris, des activités d'intégration de la protection, de santé mentale et d'autres aides vitales à plus de 130 000 personnes actuellement déplacées dans le pays.
Tant que le monde ne portera pas son attention sur des personnes comme Triffonie et Severa, et leurs enfants, elles et des milliers d'autres personnes continueront à subir les conséquences déjà apparentes des changements climatiques.
Cette histoire est écrite par Lauriane Marie Wolfe et Armel Nkunzimana de l'OIM au Burundi, email : IOMBurundiPDSU@iom.int, et Amber Christino, responsable des médias et de la communication au Bureau régional de l'OIM pour l'Est et la Corne de l'Africa, email: achristino@iom.int.